La salle hypostyle est un chef d’œuvre absolu un défi humain qui nous écrase et nous marque à jamais. Rares sont les œuvres de cette importance : les grandes cathédrales, le Duomo de Florence, l’Empire State Building et quelques autres.

Voici ce qu’en disait cet immense génie que fut Jean-François Champollion en 1829 (il était devenu professeur d’université à 19 ans…)

« J’allai enfin au palais ou plutôt à la ville de monuments, à Karnac. Là m’apparut toute la magnificence pharaonique, tout ce que les hommes ont imaginé et exécuté de plus grand. Tout ce que j’avais vu à Thèbes, tout ce que j’avais admiré avec enthousiasme sur la rive gauche, me parut misérable en comparaison des conceptions gigantesques dont j’étais entouré... Il suffira d’ajouter, pour en finir, que nous ne sommes en Europe que des Lilliputiens et qu’aucun peuple ancien ni moderne n’a conçu l’art de l’architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose, que le firent les vieux Égyptiens ; ils concevaient en homme de cent pieds de haut, et nous en avons tout au plus cinq pieds huit pouces. L’imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessus de nos portiques, s’arrête et tombe impuissante au pied des cent quarante colonnes de la salle hypostyle de Karnac. »

Longue de 102 m, large de 53 m, cette salle hypostyle abrite 134 colonnes érigées entre le XVII et le XVIII ème siècles avant JC. Séti 1er, Ramsès II et Ramsès IV se sont succédés dans sa construction.

En y pénétrant, on est terrassé par sa force, sa splendeur. C’est un moment rare de l’existence. L’Egypte, c’est la force brute, la puissance et la gloire. Il faudra combien de siècles pour qu’on affine les structures ? Les Grecs comme les Romains ont conservé les constructions massives gages de solidité technique et politique. C’est avec les cathédrales et la renaissance italiennes que tout basculera : la force se fera finesse, signifiant en même un basculement du monde, un changement   de paradigme fondamental. La puissance deviendra intériorisée. Le pouvoir se séparera de la puissance.

Les colonnes atteignent 24 m de haut pour des circonférences d’une dizaine de mètres. Le toit en pierre reposait sur des linteaux architraves imbriqués les uns aux autres. Des claustras assuraient la circulation d’air et l’éclairage. Les colonnes atteignaient la nappe d’eau souterraine. On pense que la salle a construite en y apportant du sable sur lesquels on montait les matériaux et on taillait. A l’origine, la salle était intégralement peinte.

Voici la reconstitution qu’a opéré la RMN
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Matériel : Nikon D3S, zoom 14-24 mm f:2,8 et autres optiques Nikon f:2,8/180 mm, f:1,4/50 mm, f:2,8/105 mm, f:1,4/35 mm.




 
KARNAK