QUE FAIRE APRES LE BREXIT ?…


 
 

Que faire ?

Comme il est à craindre que les dirigeants européens s’engagent une fois de plus dans des discours incantatoires et lénifiants voici quelques propositions simples.

1.Créer immédiatement une armée européenne alliant la force nucléaire française – la dernière puisque les Anglais sont partis – et les finances allemandes. Les autres peuples suivront.

2.Coupler cette armée capable d’intervenir sur des théâtres lointains avec des forces de sécurité capables de défendre les populations européennes des attaques terroristes.

3.Créer – de force, c'est-à-dire contre les immobilismes et les fausses bonnes raisons - un FBI européen et lui assigner des missions de protection des populations.

4.Rappeler et mettre le principe de subsidiarité au cœur de tout texte européen et expliquer à la population que l’Europe propose et que les États disposent. Ainsi, on n’aura plus l’insupportable : « c’est l’Europe ». Ce sera l’occasion à la droite et à à la gauche de débattre – sans condamner l’Europe soi-disant « libérale »…

5.Fixer des minimas sociaux acceptables incluant le paiement des taxes locales – sans les Anglais, ce sera peut-être plus facile. Et de toutes façons, la subsidiarité jouera son rôle.

6.Redélimiter le champ d’application de la Cour européenne pour que cesse le sentiment qu’elle fait la morale aux peuples en ne s’attaquant pas aux grands dangers.

7.Élire un président au suffrage universel direct.

8.Organiser des élections transnationales obligatoirement panachées.

9.A plus long terme, simplifier les instances représentatives pour plus de lisibilité des citoyens.

10.Réduire le nombre d’élus et de fonctionnaires, assurer leur mobilité transnationale obligatoire. Limiter le cumul et les durées de mandats.

11.Se concentrer sur les normes qui défendent l’Europe à l’extérieur et pas sur celles qui ceux ressenties comme des contraintes et des privations de liberté.

12.Relancer des grands projets fédérateurs assortis de mobilité. Abandonner les projets illisibles et gaspilleurs de ressources. Nous sommes tous en crise, il faut se concentrer sur l’essentiel… Rendre lisible les financements européens dans tous les projets soutenus (aujourd’hui, il faut avoir de bons yeux pour lire que l’Europe est présente…).

13.Multiplier les échanges Erasmus étudiants et apprentis ou de type « volontaire ».

14.Si les responsables européens concernés refusent des éléments essentiels de ces décisions, créer des cercles concentriques autour des volontaires qui auront le maximum d’avantages et les autres qui en auront moins en matière de subventions.

  1. 15.Annoncer aux Britanniques qu’un statut spécial leur sera accordé pour leur faciliter les démarches quand ils redécideront de revenir dans l’UE. C’est un peu d’humour pour finir, mais cette idée donnera de l’espoir aux Britanniques désespérés.



@jlmich



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27 juin 2016, in Les Echos



Après le Brexit…



Le Brexit est un cataclysme dont on a peine à mesurer les effets. Il marquera l’existence des Britanniques et  des Européens pour une génération (souvenez vous Maastricht, c’est déjà très loin et l’Euro aussi…). Les mouvements des peuples sont lents quand on les ramène à une vie humaine.

Dans l’histoire humaine, il est des conjonctions heureuses dans lesquelles des leaders se lèvent, comme Churchill en 1940, et d’autres où les médiocres s’unissent comme Daladier et Chamberlain pour faire référence à la même période.

Indépendamment des causes liées à la structure européenne elle-même, le Brexit résulte de la conjonction malheureuse de trois personnalités particulièrement dénuées de vision et de courage politique : Cameron a accepté le principe du referendum pour se faire réélire et « contrôler » son parti, tout en négligeant de se livrer à des actions utiles pour faire évoluer l’Europe auprès des autres dirigeants européens. Johnson a répété ce que Fabius a fait chez nous en 2005 : choisir son camp, non par conviction, mais par opportunisme en pensant à la prochaine étape. Corbyn, en pur idéologue quasi-marxiste, ce qui est rarissime outre-manche, a soutenu mollement le Remain (Maintien). Il a fait comme une grande partie de la gauche française : condamner l’Europe parce qu’elle est « libérale », c'est-à-dire confondre un instrument politique, une véritable démocratie supra-nationale forgée sur l’idée d’éviter toute guerre à un continent qui en a tellement à son actif depuis des siècles, avec ses élus d’un moment. Si vous jouez mal du violon, faut-il le casser en empêchant un virtuose d’en tirer des merveilles ?

Ces politiciens et leurs électeurs qui ont cassé cet outil sont-ils idiots ou quoi ? Parce que l’orientation politique ne leur plait pas, ils condamnent l’institution plutôt que de travailler d’arrache pied à des projets qui les porteraient au pouvoir lors des alternances consubstantielles à toute démocratie ! Il a fallu que Gordon Brown se démène en fin de campagne pour tenter de ramener quelques voix travaillistes, mais c’était trop  tard, et de plus sa crédibilité est largement entamée, tout comme Blair.

En face, le Brexit, à coup de mensonges (dont un des plus fameux a été avoué par Farage à propos des crédits qui auraient du aller au NHS) a convaincu les plus crédules.

Même l’assassinat horrible de la députée Jo Cox n’y a rien fait. Les électeurs ont tranché comme on dit. Sauf que se baser sur un référendum gagné à moins de 52 % pour engager irrévocablement un pays dans un avenir incertain n’apparaît pas très démocratique. Rompre avec l’Europe équivaut à une modification constitutionnelle fondamentale. Justement, celles-ci exigent des majorités des deux tiers et une très forte participation. D’où les arguments, non dénués de fondement, pour revoter. Ce serait évidemment la solution la plus intelligente. Mais la moins probable…

Conjonction malheureuse des responsables politiques britanniques a-t-on dit. Hélas, on a observé la même configuration en face, au moins pour le couple franco-allemand. Lorsqu’elle a été réélue, Merkel était disposée à un grand projet avec la France. Hollande n’a pas été à la hauteur. A part de vagues références à une Europe « sociale » qui n’avaient aucune chance d’aboutir, il n’a eu aucune vision à long terme, aucune prescience de ce qui allait advenir. Il fallait qu’il propose une armée européenne, essentiellement franco-allemande. Comme d’habitude, il a pensé à sa majorité, n’a voulu choquer personne en pensant lui aussi au coup d’après, c'est-à-dire sa réélection… Quant à Merkel, pour des raisons encore mystérieuses, elle a ouvert grandes les portes aux migrants/réfugiés et fait des avances à la Turquie. Dès ce moment, et avant même les attentats, les jeux étaient faits. Les opinions publiques bien remontées contre les migrants, la bureaucratie, la technocratie européenne, les affaires, les normes, etc., attendaient la première occasion pour se défouler et sanctionner comme elles en ont l’habitude entre deux grandes élections…

Le premier fou qui allait user du referendum (lequel n’est nullement un gage de démocratie) risquait de perdre. Corbyn ne fit rien. Johnson en fit beaucoup. Et Cameron perdit son pari stupide.