Le Vodoun  (Vaudou)

 
 

Le bénin est le lieu de naissance du Vodun, nous ne pouvions passer à côté.

Nous eumes successivement une rencontre passionnante avec un spécialiste, Gabin Djimassé, une cérémonie vaudou un soir et une rencontre avec un Prêtre du Fa (école Vaudou) vers Dassa.

Malheureusement, à chaque fois, il fut  impossible ou interdit de prendre la moindre photo.

Pour la cérémonie Vaudou où nous fumes accueillis aimablement, il était néanmoins clair que nous étions étroitement surveillés…

On ne peut que vous renvoyer aux films ethnologiques sur le sujet ou bien à un magnifique reportage datant de quelques années réalisé par une ethnologue allemande, Christa Neuenhofer et publié sur la grande base photographique américaine pBase.

Elle en a tiré un livre électronique  :





Voici quelques photos d’une danse rituelle avec des danseurs et des danseuses qui en en transe véritable :

(source  sur pBase: http://www.pbase.com/neuenhofer/voodoo_in_togo_and_benin_2)











Bravo à Christa Neuenhofer pour avoir obtenu les autorisations nécessaires pour réaliser ces photos !



On ne peut évidemment oublier les films de Jean Rouch, tournés dans les années 1950 dont Initiation à la Danse des Possédés qui montrait la fonction de la transe pour entrer en relation avec les puissances divines.

Avec Jean Rouch, dont a commémoré le centenaire en 2017, on a toutes les explications nécessaires pour mieux comprendre toutes ces pratiques tellement éloignées de notre univers culturel.

C’est pour cela que Jean Rouch, compagnon d’armes de Jean Painlevé avec qui nous avons eu la chance de travailler, est le plus grand cinéaste ethnologue français et le «père du cinéma africain» car le premier à avoir filmé l’Afrique.

Ce n’est pas pour rien qu’il était surnommé Anassara Zima, le Prêtre blanc, par les Songhaïs dans toute la région du fleuve Niger à Gao.


On peut aussi remarquer que ce qu’il montre du mode de vie et de l’habitat dans ces années 1950 n’est guère éloigné de ce que l’on peut observer actuellement.







Ci-dessus, extrait du film de Jean Rouch, Initiation à la Danse des Possédés, 1949.

 

Entretien avec Gabin Djimassé


Le point de départ fut son livre sur le Vaudou, édité par la Fondation Cartier à l’occasion de la plus grande exposition française consacrée au Vaudou :




Il nous reçut chez lui, au milieu de sa collection privée d'objets vaudous glanés au fil des années et dont il compte bien faire un musée un jour.

Le Vodun, souvent associé aux Caraïbes et aux Antilles est né au Bénin, et ce sont les esclaves qui l’ont emporté avec eux outre Atlantique.

Tout ceci est parfaitement expliqué dans son livre. De même que les explications mystiques et philosophiques.

Dans la croyance vaudou, la mort n’est qu’un passage vers un monde bien meilleur… Et les rites sont là pour s’y préparer mais aussi pour conjurer tous les mauvais sorts, naturels ou artificiels et téléguidés qui peuvent frapper l'être humain.

Le vaudou sert aussi à puiser les énergies environnantes pour devenir meilleur.

Dans l’émission cité en lien, l’ethnologue Marc Augé explique très bien tout ceci.


Question 1 :

L’art africain peut-il être non figuratif compte tenu du fait qu’il l’est très majoritairement ?

Réponse : oui, dans une certaine mesure, mais c’est plutôt rare et le fait de certaines ethnies bien particulières. Comme cet art est toujours religieux ou lié à des croyances, il est plus logique qu’il s’ancre dans la réalité avec des codes simples à déchiffrer.


Question 2 :

L’Art vodun et plus généralement africain est-il toujours codé et surcodé ? Fonctionne-t-il un peu  comme l’art religieux occidental ? Sauf que ce dernier est aussi perçu exclusivement sous un angle esthétique ou artistique. Peut-il ou pourra-t-il en être de même de l’art africain ?

Répoonse : Oui, il est codé sans  équivoque. C’est en se «libérant» de l’aspect religieux ou ésotérique qu’il évoluera mais au risque de perdre alors sa fonction sacrée. Si l’objet en temps que tel fait l’objet de vénération esthétique, l’idée qu’il apporte est oubliée. Ceci explique que les statues ne fassent l’objet d'aucun soin de conservation. Quand ils sont usés on les remplace… Il se peut que l’art africain s'éloigne un jour de cette fonction.


Question 3 :

Comment les protéger ? Faut-il décalquer notre mode de représentation esthétique à de simples supports de croyance ?

Réponse : Non, sauf dans une démarche patrimoniale en sauvant les plus caractéristiques.

De plus, de jeunes créateurs africains, tels que ceux qui sont encouragés par la Fondation ZInsou se détachent entièrement de ce schéma. Ils entrent dans l’art occidental, ce qui est diversement apprécié…


Question 4 :

Que penser de la demande de restitution exprimée par  Marie-Cécile Zinsou ?

Réponse :  Il est réservé, au nom même de ce qu’il a dit auparavant. Rien ne presse. Un jour viendra où l’on pourra l’envisager. Mais dans assez longtemps (sourire).


Question 5 :

Et pourquoi ne pas faire des belles copies de ces œuvres ?

Réponse : Oui, bien sûr : excellente idée.


Question 6 :

Est-il logique de toujours interdire la photo dans les musées ?

Réponse. C’est absurde et elle ne peut que  dissuader les rares touristes. Il va faire reprendre cette observation à la commission ministérielle dans laquele il siège.


Question 7 :

Pourquoi ne pas réaliser un petit musée d’excellence à Cotonou ou Porto Novo qui reprendrait les critères des plus beaux musées du monde et donnerait envie de découvrir le pays ?

Réponse. Bonne idée. pourquoi pas ? Ce serait effectivement utile pour attirer des touristes en recherche d'informations culturelles.




Voici des liens sur ses interventions lorsqu’il est  interviewé par la Fondation Cartier

https://www.youtube.com/watch?v=H6v9jqKs15M


Gabin Dijimassé intervient aussi dans une table ronde :

https://www.youtube.com/watch?v=MlIU3k8cuvw


 

Entretien  avec un Prête du Fa


Il s’est tenu vers Dassa en présence de Bashir qui a joué l’interprète car il est aussi conseiller du Prêtre.


Le Fa est la croyance Vaudou dans une initiation qui peut mener à prédire l’avenir ou sonder le passé. Il est très utilisé au Bénin et dan ses pays voisins.

Curieusement, on a repris le vieux mot de «théosophie», assez marqué «société secrète» en  France…

En gros il s’agit d’une école de pensée  sur la sagesse divine qui se perpétuerait au fil des peuples et des cultures.





Nous avons commencé par des remerciements protocolaire de bien vouloir nous accueillir dans son école.

Mais alors que le contact s’établissait, Bachir m’a pris mon appareil photo…

Autrement dit, il n’y aura aucune trace de cette entrevue avec un Prêtre sympathique mais un peu distant.


Question 1 :

Les élèves de son école, assez nombreux, sont-ils sélectionnés en fonction d'aptitudes particulières (à la divination) qui seraient repérées très tôt  ?

Réponse : oui, on les repère les plus tôt possible.

Dans tout le dialogue,  le Prêtre, à qui nous avions déclaré préalablement que nous ne souhaitions pas qu’il nous fasse une séance de divination sur nous nous apporta des réponses très brèves…


Question 2 :

Quand il se livre à ses activités, et qu’il a quelque chose de grave ou qui pourrait nuire immédiatement à la personne, que fait-il ?

Dit-il la vérité ? Ou une forme atténué de celle-ci ?

Réponse immédiate et gestuelle : La vérité…

Bashir essaie d’expliquer sa réponse en la développant un peu.


Question 3 :

Pense-t-il que ce qu’il révèle laisse la possibilité aux gens de modifier leur attitude ou leur comportement ? Les

laisserait-tl agir dans ce sens ?

Réponse : Non. Les choses doivent (toujours) se faire…

Là encore, le pauvre traducteur se crut obligé de développper la pensée du Prêtre dont les réponses paraissaientfort  lapidaire.
Cette question philosophique centrale selon nous reste donc sans réponse.

Mais peut-on y répondre clairement ? Ces questions ne furent-elles pas trop directes ? trop cartésiennes ?


Plus tard, d’autres interlocuteurs nous révélèrent avoir consulté des prêtres du Fa  et en avoir retiré des informations qui se révélèrent justes. L’un d’entre eux répondit indirectement à l’une de nos questions en disant qu’il avait modifié son comportement pour empêcher - ou limiter - les déboires  qui lui avaient été prédits.






 

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