Située sur la commune de Vacherie, le long du Mississipi, la plantation Laura a été fondée en 1804 par un Français, originaire de Caen, Guillaume Duparc, un marin venu aider les Américains dans leur guerre d’indépendance en accompagnant La Fayette et Rochambeau. Elle a atteint 5000 hectares à son maximum de production en commençant avec 17 esclaves en 1805. Le site était occupé depuis environ cinq siècles par des Indiens Colapissa. La maison fut construite au centre de leur village avec le fleuve à moins de 200 mètres, mais il demeure invisible, à cause de la végétation et des digues.

Duparc mourut peu après la construction, et son épouse Nanette Prud’homme, une créole (au sens d’une Blanche née en Louisiane de parents issus de colons français), prit la direction de la plantation en inaugurant les trois générations de femmes qui allaient se succéder jusqu’à la plus célèbre, Laura Locoul qui vécut presque centenaire et rédigea ses mémoires, en principe destinés à sa famille, mais qui constituent un témoignhage irremplaçable sur plus d’un siècle de vie en Louisiane en allant de Lincoln à Kennedy…

C’est son père qui donna le nom de sa fille au domaine au milieu de beaucoup de discordes familiales dans une histoire digne d’un roman de Balzac.

Dans son texte, Laura décrit les conditions de vie des esclaves et leurs difficultés pour se faire une place dans la société post Guerre de Sécesssion.  Elle  évoque aussi les difficultés de l’intégration progressive des créoles francophones (et blancs) à la culture américaine qui s’est étendue tout au long du XIX ème siècle.. Rappelons le, c’est le versant créole blanc qui ignore les créoles métis, devenus beaucoup plus nombreux.

Comme dans toutes les plantations, les villages d’esclaves étaient implantés à distance, parfois à plusieurs kilomètres pour des raisons de sécurité.

Les maisons étaient le plus souvent occupées par deux familles qui pouvaient disposer d’un poulailler, d’une porcherie et d’un potager plus ou moins étendu. L’insistance sur la cruauté des maîtres est beaucoup moins grande  qu’à Whitney, et il est vrai que le cadre est trompeur : en voyant ces maisons, dont certaines furent occupées jusqu’en 1977 par des descendants des esclaves affranchis, on pourrait presque penser à des bungalows de vacances… Hélas, les conditions de vie n’avaient rien à voir, on s’en doute, et les hivers pouvaient être rigoureux avec des conditions de travail toujours très difficiles.

Sur la question des horaires et des régimes de labeur, il faudrait se pencher sur plusieurs études historiques pour se faire une idée, même si celles ci variaient beaucoup au fil des propriétés et des périodes.

Laura a connu des maitresses très dures comme Elisabeth ou moins sévères comme Laura, mais, au delà des aménagements, il s’agissait toujours de l’esclavage et de la privation absolue de la liberté.

Avec la Guerre de Sécession, une partie des anciens esclaves restèrent sur place parce qu’au fil des générations cette terre était devenue la leur. D’autres partirent vers les grandes villes du Nord pour accélérer leur intégration.

La plantation demeura en exploitation jusqu’aux années 1980, elle devait être rasée pour construire un pont, mais pour des raisons géologiques, le projet fut stoppé, et des mécènes, Norman et Sand Bozonier de Marmillion  rachetèrent la propriété pour la restaurer intégralement et l’ouvrir à la visite.






Matériel : Nikon D4, objectifs Nikkor : 1,4/105 mm, 2,8/14-24 mm et Sigma Art, 1,4/35 mm.

Développement des RAW sur Capture One 11. Clichés indiqués AM = Annick Michel





 
La plantation Laura
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