Cette thèse constitue le bilan d'une recherche-action étalée sur une dizaine d'années, traitant des médias et de leur «socialisation ».
Ce bilan est principalement dû à Jean DEVEZE. Qu'il en soit ici remercié.
Bilan parce que point d'ancrage d'hypothèses théoriques sur lesquelles nous travaillons depuis 1980, que ce soit dans le cadre de projets concernant l'audiovisuel ou l'informatique, d'articles ou d'ouvrages, chacun d'entre eux cherchant à spécifier des axes particuliers à un média ou à une situation de communication donnée mais allant tous dans le même sens, celui des distanciations critique et dialectique des médias.
Bilan parce que point de réflexion sur des actions déjà conçues et conduites dans différents domaines de la communication médiatisée, aussi bien avec des institutions éducatives et culturelles (Ministères de l'Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture, Agence de l'informatique, etc.) qu'avec des associations (associations d'environnement, Fondation X2000, Média et Vie Sociale, etc.). A ces différents postes, nous avons pu réaliser des diaporamas ou concevoir des projets d'associations de services audiovisuels, fonder une association de promotion du court métrage, animer des stages audiovisuels et informatiques, constituer un groupe pédagogique interdisciplinaire au sein de l'INRP, participer à l'élaboration de ce qui allait devenir le « Plan Informatique pour tous », imaginer un projet de vidéodisque sur les métiers ou jeter les bases d'un réseau européen de bases de données pour la jeunesse.
Dans l'action, il est toujours difficile de porter un regard critique et méthodique sur ce que l'on fait. On agit autant par intuition que par raison, à moins que les deux ne se rejoignent dans une praxis inconsciente. D'où l'importance du recul critique.
Bilan enfin parce que point de départ de nouvelles actions plus affinées, mieux construites, mieux étayées, mieux structurées à partir de l'effort de réflexion suscité par la présente thèse et de la critique méthodique de nos actions, de leurs succès et de leur échecs.
Cette thèse, qui s'appuie en partie sur des travaux que nous avons conduits ou publiés, ne servirait à rien si elle ne nous permettait de mieux appréhender la nature, l'étendue et la vigueur de ce que certains ont appelé « l'aliénation médiatique » dans le but de favoriser une prise de distance, une autonomie, une résistance critique et dialectique face aux médias de toutes natures, dans l'espoir que les jeunes d'aujourd'hui, les citoyens de demain, demeurent sans cesse conscients de la médiatisation subie par les informations et les connaissances.
Ajoutons enfin que les idées-forces exposées et étudiées ici, et déjà présentées en partie dans certaines publications dès 1977 d'une part, et 1983 de l'autre semblent être partagées par plusieurs essayistes et sociologues nord-américains (Sh. Turkle et N. Postman 3), comme par des publicitaires français (qui apparaissent comme des orfèvres en la matière) ; ce qui nous conforte dans notre propre démarche et souligne l'urgence de préparer un cadre théorique (la recherche) et pratique (l'action) permettant de proposer des stratégies de réponse à la pression médiatique actuelle. Nous formulons le vÏu que cette recherche-action et son bilan, qui constitue la présente thèse, puissent y contribuer utilement.
Thèse de Jean-Luc MICHEL, Université
Paris 7, 17 avril 1988
Jury : Pr. Jean Devèze, rapporteur, Pr. Vettraino-Soulard, assesseur,
Pr. Jacques Joly, assesseur, Pr. Pierre Fougeyrollas, président
L'avant propos ci contre donne le ton et épargnera peut-être (!) au lecteur la lecture des 6 tomes, des 2662 pages,des 5 700 000 caractères, des 520 figures et tableaux, des 90 modŽlisations informatiques en deux et trois dimensions, et de la disquette d'accompagnement contenant une bibliographie dynamique, deux systèmes experts, ainsi que des modélisations graphiques.