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Jean-Luc Michel

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Chapitre "Articles"

La télématique et nous (1). Une brève histoire des réseaux.

 

LES RESEAUX D'ORDINATEURS...
Un peu d'histoire...
La formation à la télématique constitue l'un des plus importants enjeux socio-culturels des toutes prochaines années, aussi l'école et toute l'institution scolaire devraient-elles chercher à remplir cette mission de première importance. Mais, comme on le sait si l'on a déjà chez soi un simple MINITEL, la télématique coûte cher; et s'il est vrai que la distance est abolie,  la liaison TRANSPAC, taxée à la durée et au débit d'informations transmises, reste onéreuse pour ne pas dire prohibitive si l'on voulait que tous les établissements puissent correspondre les uns avec les autres (1), d'où l'idée de faire découvrir les principales fonctionnalités de la télématique dans des réseaux locaux, inspirés des solutions bureautiques qui commencent à se développer aujourd'hui à des coûts de moins en moins élevés. Ajoutons encore que le meilleur moyen de s'habituer à la télématique et plus largement à la "médiatique" consiste  tout simplement à  faire fonctionner ces techno- logies de communication en mode "local", de telle sorte que les interlocuteurs puissent se voir et se parler sans la médiation d'aucun système... Peut-être ainsi parviendrons-nous à mieux distancier nos élèves des médias électroniques...

Les réseaux de la grande informatique :

Nous n'avons pas l'intention dans cette fiche de dresser un panorama exhaustif de la notion de réseau informatique puis télématique, aussi nous contenterons nous de rappeler quelques faits de nature à éclairer le débat actuel sur l'architecture des différentes configurations en présence.
Aux débuts de l'informatique, il n'y avait évidemment pas de réseau, mais très vite, on s'est rendu compte de l'écart énorme entre la vitesse de calcul des machines et la lenteur "énorme" elle aussi de l'introduction des données tapées sur un clavier de perforatrice (c'était l'époque des cartes perforées), d'où l'idée de tenter d'utiliser plusieurs systèmes en entrée de données. Ensuite, les premières consoles de visualisation ayant été mises au point, on s'est préoccupé de rentabiliser les immenses investissement exigés par les unités centrales en reliant plusieurs postes de travail (écran/clavier) à un seul calculateur. Les premiers "réseaux" étaient nés et avec eux le vocabulaire de "terminal". "L'architecture" de ces configurations était ultra simple puisque tous les postes convergeaient vers le centre de traitement, on pourrait qualifier ces réseaux de "pyramidaux " ou en "étoile ", ou centraux, etc.
Il faut tout de même signaler la grande difficulté de mise au point des grands réseaux de terminaux connectés à une seule unité centrale. La fin des années 60 a vu la réalisation du travail en temps partagé (time sharing en anglais) qui permet à un ordinateur de faire plusieurs choses à la fois : pendant quelques micro secondes il s'occupe par exemple de l'établissement d'une paie, les micro secondes suivantes il travaille sur un calcul statistique puis reprend la paie ou termine un tri complexe… C'est ce que le nomme le travail "multi-tâches". On en profitera pour remarquer que la plupart des micros actuels ne sont pas capables d'effectuer simultanément plusieurs travaux (ils sont mono-tâches), de même qu'ils n'accueillent guère plusieurs utilisateurs simultanément (mono-utilisateurs).

Par la suite, les réseaux se sont complexifiés, traversant les frontières, permettant de consulter des banques de données, ce qui s'est traduit par les discussions des années 70 et du début des années 80 sur les fichiers, et sur leur interconnection (il semble à ce propos que les craintes exprimées alors se soient légèrement estompées, sans que l'on sache si le danger est moins gransd ou au contraire l'habitude de "vivre avec" déjà acquise…).

- Avec la micro-informatique, jusqu'à ces deux dernières années il n'était nullement question de remplir sérieusement la moindre fonction de gestion de banques  de données, ni de travail multi-tâches ou multi- utilisateurs, alors qu'aujourd'hui les micro-ordinateurs "professionnels" commencent à offrir ces possibilités, ce qui vont permettre de retrouver avec eux certaines des caractéristiques des réseaux de la grande informatique, la différence essentielle tenant au fait qu'il ne s'agira plus de terminaux "bêtes", c'est à dire incapable de fournir le moindre travail autonome, mais au contraire de terminaux intelligents .
 
On observe donc deux grandes tendances : En premier lieu des micro- ordinateurs que l'on cherche à regrouper entre eux afin de leur faire partager des fichiers ou des programmes et en second lieu des réseaux de grande informatique dotés de terminaux intelligents présentant presque toutes les qualités de bons micros. Dans cette dernière hypothèse, on aura presque toujours à faire à des systèmes hiérarchisés et centraux comme dans les schémas classiques de la grande informatique.

Bureautique et télématique

La situation réelle d'aujourd'hui apparaît en fait nettement plus complexe que cette première description le laisserait croire... En effet, d'autres sollutions ont vu  le jour simultanément : La bureautique et la télématique.
 
La bureautique, au moins dans son sens le plus moderne permet à des ordinateurs de types, de puissance et même de marques différentes de fonctionner ensemble et d'échanger des fichiers ou de travailler sur des logiciels communs. Ces échanges se réalisent grâce à des réseaux hétérogènes locaux, constitués  de simples cables, d'interfaces ou de logiciels spécialisés, et comme nous le signalions plus haut, les prix de ces systèmes baissent rapidement tout en restant encore "profession- nels"... Les partages de fichiers sont obligatoires, le courrier électronique chose courante et les périphériques importants sont communs (imprimante, disques durs de grandes capacité).

Les premiers équipements mis au point le furent par la firme Rank Xerox à l'Université de PALO ALTO avec le réseau ETHERNET (4) qui présentait dès 81 la plupart des fonctions actuellemnt les plus en vogue sur les micro-ordinateurs comme le fenêtrage d'écrans (c'est à dire sa division en plusieurs parties sur lesquelles on peut alternativement travailler comme on le fait sur son bureau lorsque plusieurs dossiers s'y trouvent, ou la représentation des fonctions par icônes, ou encore des écrans noir et blanc à très haute définition imitant quasi parfaitement une feuille de papier.
 
On ne peut conclure ce rapide survol sans citer un auxiliaire appelé depuis à un brillant avenir : la souris, autrement dit un petit boitier muni d'un ou de deux boutons que l'on glisse sur sa table pendant qu'un spot sur l'écran illustre les mouvements de la main, ce qui permet de commander "naturellement" des logiciels même complexes puisque les menus succesifs, même complexes, peuvent être demandés en permanence rien qu'en déplaçant la souris...
La tendance principale qui se dégage de cette évolution très récente (on pourrait dire de ce bouillonnement encore en cours ) consiste en l'émergence de matériels de plus en plus proches de leurs utilisateurs, plus "amicaux" (les américains disent "friendly") ou encore "conviviaux", interconnectés les uns avec les autres et capables d'échanger toutes sortes de données, des textes, des dossiers, des graphiques, des images ou des logiciels...
La télématique, quant à elle permet l'interrogation (ou la mise à jour, ce que l'on oublie trop souvent) de bases ou de banques de données. La politique volontariste menée par la France en ce domaine nous a donné une place de choix sur les marchés mondiaux, le terminal domestique et familial, le Minitel équipera trois millions de foyers en 86 et les habitudes de son usage commencent à être prises au moment où le public découvre simultanément quelques uns de ses avantages et surtout le coût de l'interrogation des bases de données…

La télématique peut être conçue  comme un moyen simple et rapide d'obtenir des renseignements à partir de grandes banques de données (par exemple le service de l'annuaire électronique) ou bien comme un moyen d'avoir accès à des données sans cesse remises à jour (services de dépêches ou de petites annonces professionnelles). Mais comme il ne saurait être question de regrouper sur une seule machine tous les renseignements possibles sur tous les sujets, on assiste à la floraison de nombreux centres "serveurs" locaux, régionaux ou thématiques (rappellons qu'à condition d'utiliser TRANSPAC, la distance n'est plus un critère de tarification). On s'achemine ainsi vers l'établissement de  réseaux télématiques  de plus en plus nombreux et diversifiés, de sorte qu'à terme il est déjà envisagé de créer des serveurs de serveurs chargés de répartir des renseignements sur les serveurs thématiques affiliés (par exemple, les coordonnées de toutes les bases de données sur les activités sportives…).
La tendance à retenir s'oriente vers la percée de réseaux télématiques de deuxième génération, ce qu'en jargon de spécialiste, on nomme la télématique intelligente et "conviviale". On se trouve alors en face d'une alternative simple :

Les terminaux télématiques acquièrent des fonctionnalités de micro-ordinateurs (traitement des données recueillies, enregistrement et intégration à des documents personnels : On peut ainsi imaginer d'aller chercher des renseignements dans une banque de données, de les "travailler" ou de les mettre en forme à l'aide d'un traitement de texte ou de chiffres, puis de les envoyer en courrier électronique à un correspondant qui les "traitera" à son tour (ne serons-nous pas dans des sociétés de l'information et de la communication ?…). Il ne s'agit pas de science fiction, car ces matériels existent et sont déjà utilisés dans certaines entreprises, ce qui justifie que nos élèves puissent être familiarisés le plus tôt possible aux démarches intellectuelles qui y seront liées; dans le cas contraire, on risque de voir éclore un nouvel "illettrisme" audio- scripto-visuel.

Les micro-ordinateurs acquièrent des fonctionnalités de terminaux télématiques : Du point de vue des usages, il n'y a pas grande différence avec l'hypothèse précédente. On peut penser que chacune des techniques fera un bout de chemin vers l'autre...

La conclusion à tirer de dette analyse commence à être bien connue : L'intégration des canaux et des réseaux de transmissions d'information dans un vaste ensemble "médiatique" a déjà commencé.

Jean-Luc MICHEL

Mars 1985

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Commentaire

Cette série de trois articles fut écrite en décembre 1984, en pleine préparation du plan "Informatique pour tous" dont j'eus la chance d'assurer la première phase de conception en tant que conseiller technique du SNI-PEGC (FEN) en accord total avec Gaston Defferre et Jean-Jacques Servan-Schreiber.

Tout était codé : "tête de réseau" renvoyait à l'horrible "nanoréseau Thomson-Bull" qui devait finalement triompher. "Dialogue point à point" renvoyait au projet Macintosh dont j'étais évidemment partisan car je voulais que les enseignants disposent de la meilleure technologie de l'époque. Hélas, la sortie de l'article fut retardée après l'annonce de ce qui s'appela le plan Fabius.