La Soutenance


Vendredi 15 avril 1988, Université de Paris 7

 
 

J’ai eu la chance d’enseigner à l’université très jeune, dès mes 23 ans. Après avoir été étudiant en réalisation audiovisuelle à l’université Paris 7 Jussieu, j’eus le bonheur d’être recruté comme Chargé de cours par celui qui allait devenir mon mentor, Jean Devèze.


Il faut dire qu’avec Annick, nous avions bloqué un 19/20 à l’unité d’enseignement supervisée par un directeur d’un des service s de l’OFRATEME (Office français des Techniques et des Moyens Modernes d’Enseignement), Robert Moyse.

La même année, outre la fac, je devins formateur pour cet organisme où j’eus un public de profs chevronnés et passionnés d’audiovisuel, de films et de diaporamas. C’était étrange de former des gens nettement plus âgés que moi mais leur enthousiasme minimisait mon manque d’expérience.

Bien sûr, il eût pu être tentant  d’aller plus loin dans la voie universitaire qui s’offrait à moi et de chercher à devenir enseignant chercheur titulaire. Il faut préciser que Chargé de cours fait bien sur le papier mais ne garantit aucun emploi fixe et ne représente que quelques heures par an en complément d’un revenu principal. Dans la suite de ma carrière, je dus même interdire à mes secrétariats successifs d’employer le mot qui avait fait flores depuis : « vacataire ». Je préférais cette belle expression de Chargé de cours qui induisait que l’on demandait à quelq’un d’intervenir en raison de ses compétences, qui valorise l’expérience extra-universitaire et réduit un peu la morgue des administratifs et des titulaires…

Mes velléités à entrer dans l’Enseignement supérieur se heurtèrent bien vite à ce que je pus observer dans le fonctionnement de ce département audiovisuel d’une prestigieuse université parisienne : des luttes de clan, des débats creux, des gens incompétents et largement tire au flanc, sans oublier le corollaire de ces organisations : les relations affectives multiples et changeantes pour ne pas dire autre chose…

Autrement dit, ce qui aurait dû être attirant fonctionna comme un repoussoir. Même les conseils d’administration du département auquel je participai de bonne heure étaient des lieux d’affrontement politique stérile, du billard à trois bandes.

Si c’était cela l’université : très peu pour moi. J’avais mieux à faire !





LIENS EN COMPLEMENT AVEC LA THESE



Le texte intégral de ma thèse en pdf


Un texte critique et humoristique sur la carrière universitaire et ses travers !!

A lire pour mieux comprendre les multiples tares de ces métiers d’élite et êtRe édifié sur la réalité quotidienne…

Relu en 2023, à l’aune du wokisme conquérant, ce texte n’en a que plus de sel !!

Il n’a hélas pas vieilli. La réalité d’aujourd’hui est plutôt pire que celle qui était annoncée…


Hommage à Jean Devéze, mon directeur de thèse et Ami


Une page sur Jean Painlevé avec qui nous avons appris le cinéma scientifique mon épouse et moi ainsi que beaucoup d’autres choses de la vie.


 

Un des plus grands jours de ma vie

De sorte que les années suivantes, tout en continuant à donner des cours, à assurer des formations, je m’amusai à autre chose ; écrire des articles ou des livres sur les éternellement « nouvelles » technologies de communication, chercher à les diffuser, à en montrer tout le potentiel créatif.

En 1984, je fus recruté comme Chef de projets et Chargé de mission sur des grandes opérations d’informatisation. C’est le moment où je conçus le plan Informatique pour tous avec Jean-Jacques Servan-Schreiber tout en côtoyant Gaston Defferre et en me bagarrant conter Jean-Pierre Chevènement et Laurent Fabius.

Cette belle aventure prit fin à la rentrée 1985 avec un licenciement économique et un retour dans un collège, mais quand même avec un Macintosh à la maison… Entre temps je faillis être recruté sur le projet de chaîne TV de Pierre Desgraupes (qui allait devenir Arte) mais comme les budgets ne venaient pas, je préférai choisir la sécurité d’un emploi fixe.

Et c’est le moment où Jean Devèze me reproposa de m’inscrire en thèse. Grâce à sa ténacité et à celle d’Annick qui alla elle même porter le volumineux dossier dans un bureau de la grande tour de Jussieu, je fus inscris en Diplôme d’Etudes approfondies. En fait ce fut une attestation car je n’avais pas de maîtrise. Mon dossier de publications m’en dispensa heureusement…

Au cours de cette année, je fis la connaissance de Jean Painlevé, j’appris le FORTRAN IV et quelques autres babioles linguitiques et informatiques.

En 1986, je pus m’inscrire en thèse et un travail de fou commença…

En février 1988, Jeanne-Ermine s’annonçait. Je leur demandai, sa maman et elle de bien vouloir attendre que j’ai bouclé la thèse… Ce qu’elles firent consciencieusement.

Jeanne-Ermine naquit le 25 février 1988, La soutenace était fixée au 15 avril. Ce qui ne nous empêcha pas de passer la soirée de la veille au Salon du Livre de Paris ou nous bûmes force coupes de champagne car j’avais à l’époque deux éditeurs qui m’invitaient généreusement.

Et, le lendemain, la soutenance commença à 14H30 dans la grande sale des thèses de Paris 7. Clarence et mes parents étaient de la partie, mais pas Jeanne-Ermine qui avait été confiée à sa nounou.

Pour le buffet, j’avais recouru à un traiteur pour le service, le champagne venait de notre viticulteur de Vertus et les gâteaux des Entremets de France qui travaillaient pour Fauchon…

150 personnes avaient été invitées, dont François Mitterrand (Jean-Claude Collard, son directeur de cabinet, me fit une belle lettre), Edmonde Charles Roux et beaucoup d’autres personnes de qualité aussi…

Je profite de ces pages pour adresser un grand merci à Didier Merrien qui se chargea de la photocopie des 15 exemplaires de 2600 pages…


Vers 18H30, je fus proclammé Docteur.

En voici le reportage photographique :