LES SOCIOLOGUES ET LA SOCIABILITE

DES NOUVELLES TECHNOLOGIES


 
 

Juin 2000



Les sociologues prisonniers de leur idéologie ?



En matière de prévision et de description, il n’y a pas que les économistes qui se trompent régulièrement.

Les analyses en matière de "sociabilité" des utilisateurs de téléphones mobiles seront aussi comiques à relire dans quelques années que celles qui affirmaient que le chemin de fer rendrait aveugle ceux qui oseraient s’aventurer dans les tunnels.

Le manque de distance, le délire sur le "non respect des autres", sur "l’affirmation égocentrique de soi", voire sur des marqueurs freudiens de l’objet lui même (formes "phalliques", caresses qu’on lui procure, cris et chuchotements qu’il entraîne) sont aujourd'hui largement dépassés et ringards.

Avec une quinzaine de millions d’utilisateurs, on a pu observer une fantastique appropriation collective et individuelle d’un nouvel outil de communication auquel tout porte à croire que nous étions prédisposés ou préparés - parce qu’il n’est qu’une simple extension de nos usages sociaux.

Plutôt que de jouer les observateurs ronchons, les critiques eussent dû examiner à quelle vitesse les gens apprivoisaient l’outil et apprenaient à en user avec respect progressif des autres ou tolérance pour les néophytes (il suffit de voyager en train pour s'en rendre compte).


Ce texte - très polémique - tape fort sur ceux de mes sociologues (un brin idéologues) qui ont produit toutes sortes d'études assez creuses sur «la perte de lien social» qu'entraineraient les téléphones mobiles, nouveaux à l’époque (vous avez bien lu !).

On a vu depuis qu'ils s'étaient largement trompé. Comme très souvent…

Est-ce une raison pour ne pas le leur dire ?











L’usage des mobiles par les femmes (supposées moins sensible à ce genre d’ostentation), l’indépendance vis-à-vis de son employeur ou de ses relations démontrent que le "portable" relie les gens dans une socialité renforcée de plus en plus soucieuse des autres.

Deux exemples de base : de moins en moins de gens usent du bip systématique lorsque l’on frappe les touches ou crient dans leur combiné en croyant être mal entendus ; ce n’est qu’une vulgaire observation micropsychologique, mais elle indique la tendance générale : la libération de la temporalité et l’effet cumulatif de l’usage des technologies de communication chez homo sapiens, ce qui veut dire que nous acquérons de plus en plus vite les changement comportementaux propres aux évolutions de la société.


Article paru dans des revues informatiques de l’époque : Science et Vie Mac, Icônes, etc.